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Le Blog de Jonathan Fanara

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NATION : paradoxes, contre-vérités et sociologie spontanée

Publié par Jonathan Fanara sur 28 Novembre 2017, 17:20pm

Catégories : #Politique, #Économie, #Carte blanche

NATION : paradoxes, contre-vérités et sociologie spontanée

N. B. : Je maintiens délibérément les erreurs de français dans les citations extraites des plateformes virtuelles de NATION. Quand on se réclame à ce point du nationalisme et de la francophonie, on devrait – au moins – se faire un devoir de respecter la langue, sa grammaire, ses règles de syntaxe et de ponctuation. Après tout, Olivier Frapchot, le secrétaire général du mouvement, regrette lui-même que la « richesse de la langue française » soit attaquée et mise à mal par les « bien-pensants » et les « intellectuels de gauche » dans une vidéo publiée le 9 avril 2017 (TV Nation, YouTube).

 

Dans l'analyse politique, il est souvent utile de s'autoriser un détour par George Orwell, l'auteur antitotalitaire de La Ferme des animaux et de 1984. Il fait état dans ce dernier roman d'une « double-pensée » aux fonctions phagocytaires, amenant l'individu à tolérer les paradoxes et les dissonances cognitives par la mise en veille de tout esprit critique. Il en est encore ainsi dans certains systèmes partisans servant à la fois la thèse et l'antithèse, sans qu'apparaisse pourtant le début d'une interrogation ou d'un scepticisme. Le mouvement NATION, « organisation identitaire francophone », en appelle par exemple dans ses propositions à « assurer la liberté d'expression », tout en supprimant parallèlement de son site Internet tout commentaire critique, fût-il posé et constructif – ce, à huit reprises au total me concernant. Une manière pudique de signifier à tous ses opposants, citoyens ou politiques, que leur droit à la parole, que l'on croyait pourtant irréductible, s'arrête en fait là où l'intérêt du mouvement commence. L'affaire est d'autant plus regrettable qu'elle projette en sus une multiplicité d'effets mimétiques. Ainsi, NATION se plaît à dénoncer une « presse propagandiste », gronde quotidiennement contre le manque de pluralisme dans les médias, mais pose lui-même des bâillons dès qu'il le peut, partout où l'on cherche à mettre en débat son programme ou son idéologie. À sa décharge, on notera que certains éléments portaient déjà témoignage, comme cet étrange appel publié dans la rubrique « Adhésion et soutien » de nation.be : « Si chacun de nos membres, renonçait à acheter un quotidien traditionnel, trois fois sur le mois, il économiserait près de 3 € par mois. C’est peu par personne mais imaginons, ne fût-ce que 100 de nos membres faisant cela. Cela fait 3 € par mois et par personne et donc 36 € par an et par personne. Multipliez par 100 personnes qui accepteraient et vous avez 3600 € par an, soit un peu plus de 145.000 anciens francs belges ! » Belle preuve de démocratie que celle consistant à encourager ses sympathisants à dépenser moins pour une presse déjà exsangue dans le seul but de pérenniser sa propre organisation ! Ces dernières années, ces « quotidiens traditionnels » ont mis au coeur du débat public le Cablegate, les LuxLeaks, les Panama Papers, les Paradise Papers, les OffshoreLeaks, les systèmes de surveillance illégaux de la NSA ou encore les SwissLeaks. Pendant ce temps-là, NATION se gargarisait, sans même pouvoir le démontrer, d'avoir contribué à révéler... une agression à Charleroi. Au jeu des bénéfices comparés, difficile de faire illusion.

 

Quand il s'agit de limiter les libertés, NATION fait apparemment montre d'une cohérence à toute épreuve. Un bref coup d'oeil à ses « propositions », listées de manière laconique, sans doute par commodité, nous apprend par exemple qu'à côté de la nécessaire « valorisation du patrimoine national et européen », fourre-tout difficilement contestable, figure un « refus de l'américanisation de notre société » sur lequel on ne saura rien. Le mouvement nationaliste se contente en effet d'épingler la chaîne de restauration rapide McDonald's, sans fournir la moindre explication complémentaire. Cet engagement, qui sonne forcément comme un voeu pieux, vise de toute évidence à flatter à peu de frais tout ce que l'électorat compte de nationalistes, de conservateurs et d'américanophobes. On aurait aimé connaître le traitement qui serait alors réservé à Hollywood, HBO, Netflix, la pop-culture, le hip-hop new-yorkais, la trap music d'Atlanta, le basketball, le baseball, Marvel, DC Comics, Les Simpson ou South Park*. Faut-il crier haro sur Andy Warhol, Bob Dylan, James Ellroy, Stephen King, Stanley Kubrick, Martin Scorsese ou Sidney Lumet sous prétexte qu'ils appartiennent à la bannière étoilée ? En retour, les Américains devraient-ils bouder René Magritte, Pierre Paul Rubens, Michaël Roskam ou Felix Van Groeningen ? Faudrait-il alors surveiller la navigation des Belges pour contrôler leur imperméabilité à l'influence américaine ? Troquer les GAFAM contre le Runet, Google contre Yandex, Facebook contre VKontakte ? Car si NATION se montre prompt à regretter l'« impérialisme américain », il n'évoque la Russie que pour lui exprimer son entière « solidarité ». On a connu position moins manichéenne et plus nuancée en politique internationale. Quid enfin de cette interdiction touchant « les émissions de télé réalité qui iraient à l’encontre du respect de la personne humaine » et les jeux vidéo « contraire aux bonnes mœurs ou incitateur au crime » ? George Orwell, encore lui, imaginait l'instauration d'une Police de la Pensée pour réprimer les contrevenants d'ordre moral ou intellectuel. NATION s'en inspirera-t-il ou imitera-t-il, plus prosaïquement, les interdits et actes de censure ayant cours en Iran, en Corée du Nord ou en Chine ? Rétablira-t-il en fac-similé la Commission belge de contrôle des films, qui appartient à une époque que l'on pensait révolue ? Certains rétorqueront, peut-être à raison, que ces interrogations semblent caricaturales, mais c'est sans doute parce que la politique défendue par les nationalistes l'est plus encore. Qui, en Belgique, est aujourd'hui prêt à accepter un pouvoir s'érigeant en prescripteur culturel, surtout quand celui-ci promet, mine de rien, de « supprimer les subventions aux ASBL subversives ou liberticides », sans même définir ces deux notions ?

 

À défaut d'être documentés, les billets de nation.be sont souvent édifiants. Le 24 novembre, le mouvement nationaliste exprimait sa hantise de voir la simple distribution de cartes SIM à des « illégaux » se muer en incubateur du terrorisme. L'amalgame est archi-connu, et d'un simplisme cruel : derrière chaque immigré se cacherait un potentiel futur djihadiste. Qu'importe si l'extrême majorité des auteurs d'attentats en Europe y soient nés. Qu'importe si les réfugiés fuient eux-mêmes le terrorisme dans une large proportion. Par une démonstration laborieuse, attestant notamment sans preuve ni source que le nombre d'illégaux croît continuellement, on en vient à qualifier les travailleurs sociaux et les représentants d'associations de « Belges illégaux », en y accolant par pudeur des guillemets qui ne trompent évidemment personne. Ce jour-là, c'est Myriam, l'auteure de l'article, qui endosse les costumes mal taillés de juge et d'inquisitrice. En chaussant d'autres lunettes que celles de la xénophobie, NATION se serait pourtant rendu compte que depuis le 11 septembre 2001, sur 85 attaques terroristes recensées aux États-Unis, 62 furent le fait de suprémacistes blancs se réclamant d'une idéologie proche de la sienne. Ou encore qu'on a comptabilisé 477 agressions racistes rien qu'en Saxe en 2015, soit une hausse de 87% par rapport à l’année précédente. Un chiffre effrayant, qui ne fait qu'attester que la criminalité d’extrême droite prolifère dans toute l’Allemagne, puisqu'on y recense pas moins de 921 attaques contre des foyers de réfugiés en 2016, dont 66 incendies et quatre attentats à l’explosif. Le terroriste n'est pas toujours celui que l'on croit.

 

Le 28 septembre, c'est Jean-Pierre Demol, l'ancien président de NATION, qui prend la plume. « Cette immigration qui dure depuis 1987, avec des pics et des accalmies, met notre sécurité sociale à mal. Les caisses se vident au détriment de nos pauvres dont plus de 17.000 SDF, de nos ménages en situation de précarité, ou encore, de nos retraités qui doivent survivre avec une pension de misère. » Petit supplément : « Aider des migrants sur notre sol, c’est clairement de la complicité au trafic d’êtres humains. » On citera, en guise de riposte, les déclarations de Frédéric Docquier, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales de l’UCL, qui prend appui sur une récente étude comparative de l’OCDE : « Je me suis basé sur un scénario vraisemblable qui consiste à supposer que deux tiers des dépenses non individualisables sont affectées par l’immigration et qu’un tiers ne l’est pas. Résultat : dans ce cas de figure, l’immigration génère un gain fiscal de 0,3% du PIB, soit environ 117 euros par habitant et par année. » L’OCDE, justement, estime que la contribution nette des immigrés aux finances publiques belges avoisine 0,75% du produit intérieur brut (PIB), soit près de trois milliards d’euros. On le voit, les chiffres sont têtus. Ils constituent pourtant la seule boussole recevable pour quiconque entend sérieusement éplucher les questions migratoires. El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, ne le sait que trop bien, lui qui vient de consacrer un ouvrage complet aux « mythes » entourant l'immigration, ceux-là mêmes qui se trouvent quotidiennement mis au service de mouvements nationalistes de tout poil. NATION n'en a cure. Il préfère arguer que l'afflux récent de réfugiés relève de considérations économiques, malgré sa concomitance avec la guerre civile syrienne, plutôt que de citer les études de David Card sur les effets bénéfiques de l'exode cubain en Floride (1990), pourtant indispensables pour ce qui est du chiffrage économique de l'immigration – mais éminemment contre-productives du point de vue des extrémistes de droite. Rappelons enfin que près d’un Belge sur dix estimait récemment que les immigrés représentent plus de 50% de la population, alors qu'ils ne dépassent pas les 16% en réalité – et sont essentiellement issus du vieux continent. Ces effets de loupe et perceptions trompeuses, très répandus, apportent spécieusement de l'eau au moulin des nationalistes et des xénophobes. D'autant plus que de nombreuses études européennes et nord-américaines rapportent que plus on se montre défiant vis-à-vis des institutions et des étrangers, plus on a tendance à surestimer le nombre réel d'immigrés. Tous ces phénomènes s'auto-alimentent.

 

Contrairement aux croyances véhiculées par NATION, les mouvements migratoires vers la Belgique se tarissent actuellement. Les arrivées annuelles d’étrangers en 2015 étaient par exemple de 7% inférieures à celles de 2011. Elles concernent très majoritairement des ressortissants de l'Union européenne et les femmes y sont légèrement mieux représentées que les hommes. Comme le notent judicieusement les chercheurs Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk dans un récent ouvrage diffusé par l'Université de Liège, « face aux craintes d’une supposée ''invasion étrangère'' », il est « utile de souligner que le nombre total de demandeurs d’asile arrivés en Belgique représentait 0,13 % de la population en 2014, 0,35 % en 2015 et 0,14 % en 2016 ». Est-ce là le « grand remplacement » dénoncé par NATION (publication du 9 mai) ? Plus loin, les auteurs précisent : « Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), le coût financier de l’accueil des demandeurs d’asile en Belgique durant la période 2014-2016 varie entre 0,07 % et 0,11 % du produit intérieur brut (PIB). Notons que ces dépenses peuvent elles-mêmes contribuer à l’activité économique dans la mesure où elles servent à loger et à nourrir ces personnes en Belgique ainsi qu’à payer les salaires des travailleurs engagés pour traiter leur demande et les accueillir. » Voilà donc l'étendue du gouffre financier au sujet duquel la direction de NATION s'époumone depuis de si longues années. Est-ce à dire que le gros de la rhétorique nationaliste ne porte finalement que sur quelque 0,1% du PIB belge ? Quand on sait de surcroît que ce budget est lui-même comptabilisé dans les dépenses liées à l'aide au développement, l'argumentaire anti-réfugiés de NATION apparaît encore plus risible et fallacieux.

 

Ce que je relevais récemment dans un article consacré à l'Europe s'applique en réalité parfaitement à NATION : « Versant volontiers dans les trois figures rhétoriques de la dénégation établies par le sociologue Stanley Cohen, les radicaux et extrémistes de droite alternent, partout sur le vieux continent, le déni littéral (« Le racisme a disparu, mais... »), le déni interprétatif (« Il y a bien une animosité vis-à-vis des étrangers, mais c'est uniquement pour des raisons économiques. ») et le déni d'implication (« Il existe très certainement des personnes racistes, mais ce n'est pas mon cas. »). De Stanley Cohen, on retiendra par ailleurs la notion de panique morale, très utile en ces temps de repli identitaire. Elle s'applique quand un événement, une personne ou un groupe social est perçu comme une menace pour les intérêts ou les valeurs d'une société donnée. Voilà qui entre étrangement en résonance avec certains discours faisant état d'une incompatibilité présupposée entre les valeurs occidentales – ou européennes – et une certaine religion désormais diabolisée. » La psychologie sociale a également fait son oeuvre depuis plusieurs décennies et aboutit à la conclusion logique que le sentiment d'appartenance au groupe, la stéréotypisation des comportements d'autrui et la frustration accumulée par les individus tendent à engendrer ensemble, de manière spontanée, le racisme et la xénophobie. C'est peut-être la conjugaison de tous ces facteurs qui fait dire au secrétaire général de NATION, Olivier Frapchot, le 7 septembre sur sa page Facebook, à un sympathisant lui demandant « Quand vas ton enfin ouvrir la chasse » : « Mais comme pourrait toute guerre, occupons-nous de virer les traites. Nos politicards dont responsables et collabos. Ils faut les mettre aux chômage et nous ferons le reste... » La « chasse » concerne naturellement les islamistes, avec lesquels nos élus collaboreraient selon NATION et auxquels le mouvement nationaliste serait l'unique alternative si l'on en croit une autre publication datée du 10 juin, toujours sur Facebook. Fallait-il attendre autre chose de la part d'une organisation partisane ayant pour principaux partenaires européens les néonazis d'Aube dorée (Grèce) et du NPD (Allemagne), et ne s'exprimant au sujet de la gauche que par le mépris et les rodomontades (plus de dix publications rien que ces derniers mois sur nation.be) ?

 

Sur TV Nation, la modeste chaîne YouTube du mouvement nationaliste (254 abonnés au 26 novembre 2017), on trouve également de quoi pâmer d'effroi. En six minutes à peine, Jean-Pierre Demol, encore lui, « sans vouloir crier au complot », nous annonce que le multiculturalisme européen suit un plan machiavélique dont Richard Coudenhove-Kalergi serait l'architecte. Il consisterait tout bonnement à « abolir le droit à l'autodétermination des peuples », ainsi que leur « souveraineté ». Il viserait à « détruire les nations » et à « instaurer un nouvel ordre mondial ». Rien que ça. Passons le fait que de nos jours, aucun chef d'État ne songerait à se réclamer de Coudenhove-Kalergi, devenu une marotte de la droite extrême, et remercions M. Demol de n'avoir point cédé aux thèses complotistes. Dans le cas contraire, on peine sincèrement à imaginer ce qu'il aurait pu affirmer. Que Stanley Kubrick a filmé en studio l'alunissage de Neil Armstrong ? Que les vaccins ont pour seule utilité d'enrichir l'industrie pharmaceutique ? Que le 11 septembre fut une invention des Américains pour justifier la guerre en Irak ? Dans cette même vidéo, datée du 28 septembre, l'ancien président de NATION laisse entendre que l'immigration massive servirait l'intérêt des pouvoirs en place. Curieusement, aux quatre coins de l'Europe, ce sont surtout les partis d'extrême droite qui font leur miel des arrivées de réfugiés, en jouant le va-tout du repli identitaire et en instrumentalisant les peurs populaires. Là où il serait nécessaire de faire preuve de pédagogie, NATION et ses homologues alimentent toutes les phobies irrationnelles susceptibles de les renforcer électoralement et omettent à dessein de raconter les grandes migrations non anxiogènes de l'Histoire récente : les Espagnols en France pendant la guerre civile, les Belges en France notamment lors des deux conflits mondiaux, les Irlandais aux États-Unis dès 1845, les Italiens et autres émigrés du bassin méditerranéen en Belgique durant le XXème siècle**, les Chinois en Indonésie, l'exode planétaire des Arméniens après le génocide de 1915... Pièce rapportée du FN, l'ancien député wallon Jean-Pierre Borbouse insiste lui aussi, dans une vidéo datée du 19 novembre, sur la menace de l'immigration, sans toutefois en préciser les tenants et les aboutissants. Pour meubler, ou peut-être pour coller à l'air du temps, il désigne également la Chine, sans développer une fois encore.

 

Mais revenons une dernière fois aux « propositions » de NATION, le parti des « petits Belges qui ne baissent pas les yeux », celui qui « fait ce qu'il veut, où il veut, quand il veut », et même « lutter contre le marché mondial » – mais pas, apparemment, contre les actes médicaux inutiles, les paradis fiscaux ou les marchands de sommeil. On apprend dans le programme politique du mouvement nationaliste que la Belgique se retirera de l'ONU tant que l'organisation internationale sera « sous l’hégémonie d’une grande puissance ». Non seulement l'assertion est discutable – l'historique des votes onusiens en témoigne –, mais surtout la Belgique en ressortirait dangereusement esseulée dans le concert des nations. Faut-il en arriver là pour démocratiser l'institution ? NATION propose par ailleurs une immigration sélective et un « arrêt du regroupement familial », malgré le caractère profondément inhumain de cette dernière mesure. On ne peut exiger d'un immigré, dans le même temps, qu'il s'intègre et se fonde pleinement dans la communauté nationale et qu'il fasse son deuil d'une famille laissée en jachère à des centaines ou des milliers de kilomètres de là. Qui s'impliquerait comme il se doit dans un projet de vie ainsi privé d'attaches et/ou d'avenir ? Il convient en outre de souligner que le système belge est déjà, en l'état, l'un des plus drastiques d'Europe. Seuls les étrangers disposant de ressources représentant au moins 120% du revenu d’intégration peuvent envisager de déposer une demande de regroupement. Pis, il est question d'un « rétablissement de la peine de mort pour certains crimes particulièrement odieux » qui bouterait automatiquement la Belgique hors de l'Union européenne et ne manquerait pas de l'isoler définitivement sur la scène internationale. Si par malheur les ambitions exécutives de NATION venaient à se concrétiser, ses cadres envisagent en outre de réduire le pouvoir d'achat des Belges en renchérissant les importations*** et de s'approprier certaines politiques ayant cours chez les « impérialistes américains ». On a vu qu'Olivier Frapchot s'épanche volontiers sur Facebook, que l'organisation communique sur YouTube, mais on ignorait jusque-là que le port d'armes allait être facilité « pour les honnêtes gens », groupe aux contours indéfinis, car sans fondement juridique. Rappelons à toutes fins utiles qu'on dénombre chaque année aux États-Unis plus de trois meurtres perpétrés au moyen d’une arme à feu pour 100 000 habitants. La Suisse, qui se classe au deuxième rang, se situe aux alentours de 0,7. Le Canada (0,5), la Suède (0,4), la Finlande (0,4), la Nouvelle-Zélande (0,2), l’Espagne (0,2), l’Allemagne (0,2), la France (0,1), la Grande-Bretagne (0,1), l’Australie (0,1) ou encore le Japon (0) affichent quant à eux des taux bien moindres. Entre la violence cathartique des jeux vidéo et celle, bien réelle et létale, des armes à feu, NATION a fait un choix. Paradoxal comme toujours.

 

* Star Wars, lui, est voué aux gémonies. George Lucas y colporterait un message impérialiste, multiculturel, antifasciste, en manipulant la conscience collective (voir la vidéo du 12 février sur TV Nation). Donald Trump, au contraire, est salué pour sa volonté de protéger l'Amérique de l'immigration, même si Hervé Van Laethem, le leader de NATION, déjà condamné pour racisme, le juge trop peu radical (vidéo du 9 février).

** Pour travailler dans les industries lourdes (mine ou sidérurgie, par exemple), souvent dans le cadre d’accords bilatéraux avec des pays comme l’Italie, le Maroc ou la Turquie.

*** Proposition 364 de NATION : « Limiter les importations lorsque c’est possible et imposer des droits de douane pour que les produits importés soient moins compétitifs. » Non seulement des mesures de rétorsion viendraient immédiatement frapper en retour les exportations belges, affectant les bénéfices des entreprises concernées ainsi que l'emploi, mais en plus cela rendrait automatiquement plus onéreux tout ce que les Belges consomment en provenance de l'étranger.

 

 

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