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Le Blog de Jonathan Fanara

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À droite, les vieux démons ont la peau dure

Publié par Jonathan Fanara sur 27 Septembre 2012, 07:45am

Catégories : #Édito

Il faut se rendre à l’évidence : les récentes déconvenues de Patrick Buisson n'ont pas marqué les esprits à l’UMP. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy préconisait les discours décomplexés, fortement marqués à droite, et aspirait ouvertement à capitaliser sur la popularité du Front national. Mais il aura surtout rebuté les plus modérés et crédibilisé la parole lepéniste. Loin de phagocyter l’extrême droite, il a par contre mis les centristes sur la touche et facilité ainsi la victoire socialiste.

 

Aujourd’hui, alors que François Fillon et Jean-François Copé se disputent la présidence de l’UMP, ce dernier, actuel secrétaire général du parti, a provoqué un micro-cataclysme en dénonçant le développement d’un « racisme anti-Blancs », qui serait propre à certains quartiers. De quoi valider la ligne adoptée par le FN. Ce qui devait passer pour une démarche innocente, visant à briser un tabou, constitue en réalité une entreprise de communication politique : il s’agit d’occuper l’agenda médiatique, de renvoyer François Fillon à son image de candidat timoré, adepte de l’eau tiède, et de charmer les militants les plus radicaux – qui éliront le prochain président de l’UMP.

 

Cette droitisation ponctuelle, hautement intéressée, n'est pas neuve. La tentation de récolter sur les terres du FN se concrétise parfois par des dérapages verbaux ou des postures tendancieuses. Mais, en ouvrant la brèche, Copé s’est fourvoyé. Il oblige ses soutiens à durcir le ton et, in fine, déplace le curseur idéologique du parti. Jusqu’à brouiller son message ?

 

En agitant ce chiffon rouge, le secrétaire général de l’UMP fait donc fausse route. Difficilement contestables sur le fond, ses déclarations comportent en revanche certains dangers. Et non des moindres. Elles tendent à minimiser la gravité des autres formes de racisme, pourtant au moins aussi brutales, plus visibles, et souvent inextricables pour les victimes. Car, gardons-le à l’esprit, les Blancs restent majoritaires, politiquement surreprésentés, dépositaires de l’autorité publique et du pouvoir économique. Le racisme influe rarement sur leur liberté, leur carrière ou leur sécurité. Ils ne souffrent pas de discrimination à l’embauche ou au logement. Ils ne craignent pas de voir leurs droits s’évaporer au gré des résultats électoraux. Plus grave encore, ces propos contribuent à diviser les Français, que leur auteur entend pourtant un jour rassembler et représenter.

 

En se rapprochant de l’extrême droite à des fins électorales, Jean-François Copé renoue avec une vieille tradition. Et, s’il prétend mettre à mal un tabou, il fait surtout montre d’une grande maladresse, usant de facilités langagières en vue de glaner quelques voix hésitantes. Une stratégie pour le moins discutable.

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Toujours un plaisir de te lire, Jonathan. Ton article est vraiment de qualité. Félicitations.
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