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Le Blog de Jonathan Fanara

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Dijsselbloem, l’encombrant compromis franco-allemand

Publié par Jonathan Fanara sur 15 Avril 2013, 05:39am

Catégories : #Économie

Mais quelle mouche a bien pu piquer Jeroen Dijsselbloem ?  Incapable de pacifier le dossier chypriote, le nouveau président de l’Eurogroupe s’est en plus fourvoyé dans des déclarations à l’emporte-pièce, au mieux intempestives, propres à mettre le feu à des marchés financiers déjà inflexibles avec la zone euro. Et si l’expérimenté Jean-Claude Juncker peinait à rassurer les investisseurs, son jeune successeur met franchement les pieds dans le plat… quand il ne se les prend pas dans le tapis.

 

La bourde originelle du ministre hollandais des Finances remonte au premier plan de sauvetage de Chypre. Maladroit, mal préparé, il va jusqu’à oublier de justifier les mesures préconisées, permettant ainsi à Nicosie, qui se refuse alors à taxer lourdement les grosses fortunes, de se défausser sur l’Eurogroupe. Terne, froid, le chef de file de la zone euro fait figure de piètre communicant et polarise – déjà – les critiques. Torpillé par l’opinion publique, accusé (à tort) de mettre à mal la garantie bancaire, il laisse les rumeurs se propager, ne réagissant que tardivement. Mais le mal est fait : un vent de panique souffle à nouveau sur l’Europe, déjà fragilisée par des crises à répétition.

 

Quelques jours plus tard, Jeroen Dijsselbloem  remet le couvert. Il laisse entendre que le plan d’aide chypriote, d’abord présenté comme exceptionnel, pourrait finalement faire école et servir de modèle pour les sauvetages à venir. Une nouvelle gaffe qui vient brouiller la communication des instances européennes. Résultat : les bourses dévissent et les marchés s’affolent. On évoque alors à demi-mot une erreur de casting. Il faut dire que lorsque le gardien de l’euro, censé apaiser les investisseurs, se perd en propos contradictoires et avoue chercher à sanctionner les banques, mais aussi leurs actionnaires, leurs créanciers et leurs déposants, cela fait assurément tache.

 

Pis encore : désormais, l’Eurogroupe semble marginalisé, tenu pour responsable des attaques qui viennent écorner l’image de l’Union. Et l’encombrant Dijsselbloem met en saillie une certaine Europe, adepte de compromis médiocres et incapable de s’élever au-dessus des intérêts partisans. Car ce proche de Diederik Samsom, le leader travailliste hollandais, a décroché le portefeuille des Finances un peu par hasard, récompensé pour sa fidélité à tout crin. Mieux : l’héritage de la présidence de l’Eurogroupe a été acté à la suite d’un vulgaire arrangement franco-allemand. Paris cherchant à nommer un homme de gauche et Berlin réclamant un argentier issu du club – toujours plus  sélectif – des « triple A », les candidats éligibles se comptaient sur les doigts d’une patte d’autruche. C’est finalement le fébrile Dijsselbloem qui sera désigné par des faiseurs de roi pour le coup peu inspirés. Une décision arbitraire que la raison ne peut définitivement pas justifier.

 

Et qu’on se le dise : la démocratie n’a ici pas voix au chapitre. Le Parlement européen, seule institution directement élue par les peuples, n’a aucun droit de regard sur l’action de l’Eurogroupe, qui ne tire sa légitimité que des différentes consultations nationales. Censurer la politique des ministres des Finances de la zone euro s’avère dès lors inconcevable. Allons même plus loin : aucun des hommes forts de la monnaie unique n’émane du processus démocratique. Pas plus Jeroen Dijsselbloem que Mario Draghi, Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso ou Olli Rehn. Une régression indigne ?  Certainement. Mais l’Europe n’en a cure, trop préoccupée qu’elle est par la corde raide sur laquelle elle marche continuellement.

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