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Le Blog de Jonathan Fanara

Le Blog de Jonathan Fanara


L’Italie à l’heure des choix

Publié par Jonathan Fanara sur 24 Février 2013, 13:23pm

Catégories : #Édito

Drôle de revirement de situation. La droite transalpine, emmenée par le sulfureux Silvio Berlusconi et son Peuple de la Liberté, devait en toute logique passer de vie à trépas. Pourtant, tout au long de cette campagne législative, les écarts n’ont cessé de s’amoindrir, redistribuant ainsi hasardeusement les cartes électorales. De quoi rendre brumeux le paysage politique italien. D’autant plus que les indécis se comptent en légions.

 

À quelques heures du dénouement d’une lutte à l’issue incertaine, un fait polarise en tout cas toutes les attentions : la capacité de résilience de Silvio Berlusconi, un revenant pourtant entaché de scandales et malmené par les dirigeants européens, un homme impétueux pour qui renaître de ses cendres est devenu un exercice courant. Coutumier des excès en tout genre, la locomotive électorale du PdL aura dit tout et son contraire. Mieux : confondant la Bundesbank et la Deutsche Bank, promettant des cadeaux fiscaux au mépris des réalités économiques et vantant les vertus d’un retour à la lire, il aura allégrement démontré toute l’étendue de son incompétence dans une matière, les finances publiques, dont il vise pourtant le portefeuille – le palais Chigi ne l’intéressant apparemment plus. Mais ces atermoiements et ces maladresses, pas plus que les fameuses « affaires », ne semblent déranger les Italiens, toujours prêts à lui accorder leur confiance. Incompréhensible.

 

Au populisme de droite répond le populisme de gauche. C’est ici qu’entre en piste Beppe Grillo, une ancienne vedette de la télévision reconvertie dans la politique, qui s’illustre habituellement par ses hurlements revendicatifs devant des foules électrisées. Cet agitateur survitaminé, à la tête du Mouvement cinq étoiles, a troqué ses attributs comiques contre un projet fantaisiste. Fédérant les déçus des partis traditionnels, il pourrait devenir la troisième force électorale du pays. Ses promesses ?  Réduire le salaire des élus, plafonner les retraites, soutenir les PME, offrir à tous l’Internet. Jusque-là, rien de bien extravagant. En revanche, là où cela se corse, c’est lorsque Beppe Grillo refuse d’accorder des interviews à la presse transalpine, prône un retour à la lire ou véhicule sans le moindre scrupule un discours antisystème propre à affoler des marchés financiers déjà sur les dents. Attention : jouer avec le feu, c’est accepter le risque de se brûler.

 

On plaint alors Mario Monti. Le Professore, par ailleurs sénateur à vie, a remis l’Italie sur les rails européens, assainissant les comptes publics au détriment de sa propre image politique. Un geste courageux qui lui vaudra à la fois la faveur de ses homologues étrangers et l’inimitié d’une partie de ses concitoyens. Pire : sa laborieuse construction d’un pôle centriste alternatif peine à convaincre des électeurs (pour une fois) incrédules. Son salut pourrait dès lors venir de la gauche, et plus précisément du Parti démocrate, qui devra sans doute se trouver des alliés pour gouverner.

 

Mais la vraie leçon de cette campagne réside ailleurs. Les candidats ont emboîté le pas de Silvio Berlusconi et méprisé les problèmes structurels qui secouent l’Italie. L’exubérance de la gauche faisait toujours écho à celle de la droite. Fuyant les débats sérieux, surfant sur un ras-le-bol qui se généralise, les partis n’ont jamais hésité à promettre monts et merveilles, nonobstant les réalités politiques actuelles. Comme s’ils voulaient profiter du redressement orchestré par Mario Monti pour retomber dans de vieux travers potentiellement funestes.

 

Espérons au moins que les Italiens n’auront pas la mémoire courte et que le dépouillement des urnes ne débouchera pas sur un pays ingouvernable – situation possible en cas de majorité différente au Sénat et à la Chambre. C’est en effet le minimum syndical.

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