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Le Blog de Jonathan Fanara

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Cette Allemagne qui rêve d’immigration

Publié par Jonathan Fanara sur 18 Juin 2013, 05:40am

Catégories : #Économie

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© Mayk

 

Berlin s’en frotte les mains. Et ses entrepreneurs ont le sourire aux lèvres. Pour la seule année 2012, la première économie de la zone euro a absorbé plus d’un million d’immigrés, soit un record absolu depuis 1995. La plupart d’entre eux viennent de Pologne (176 000), de Roumanie (116 000) et de Bulgarie (59 000). L’Europe centrale et orientale se taille ainsi la part du lion et se pose en principale pourvoyeuse de main-d’œuvre étrangère. Mais les pays méridionaux, gravement impactés par la crise, ne sont pas en reste. Au contraire. L’Espagne (50 000), l’Italie (42 000), la Grèce (34 000) et le Portugal (12 000) connaissent un sursaut migratoire aussi soudain que spectaculaire. La ministre allemande du Travail, Ursula von der Leyen (CDU), n’a pas tardé à commenter ces chiffres : « Cet afflux est une chance énorme, car cette nouvelle vague d’immigrés est plus jeune et mieux formée. »

 

Selon l’Office fédéral de la statistique, l’immigration teutonne enregistre une croissance de 13 % par rapport à l’année 2011. Un bond important, mais néanmoins insuffisant au regard des dizaines de milliers de postes toujours vacants, notamment dans le secteur des soins. C’est la raison pour laquelle un nouveau règlement sur l’emploi, visant à ouvrir le marché du travail aux étrangers, entrera prochainement en vigueur. Cette réforme a pour but de stimuler une immigration « spécialisée », hautement qualifiée. À souligner : il y a là, incontestablement, de quoi tordre le cou à tous les lieux communs faisant des étrangers d’authentiques boucs émissaires socioéconomiques.

 

L’État stratège

 

L’Allemagne a de la suite dans les idées. Plutôt que de subir l’immigration, elle l’orchestre. Alors que sa démographie décline, que sa pyramide des âges vacille et que son industrie présente un besoin urgent de main-d’œuvre, elle joue à fond la carte des flux migratoires, qui tiennent désormais lieu d’aubaine. À l’opposé : les pays d’origine, où l’exil de masse occasionne des contrecoups aussi perceptibles qu’irréparables. Car l’archétype du travailleur émigré, c’est avant tout le jeune diplômé dont les perspectives s’amenuisent à vue d’œil. Des hommes et des femmes qui, après avoir bénéficié d’une éducation généreusement subventionnée, prennent la poudre d’escampette sans demander leur reste. Une perte sèche pour des États déjà fragilisés par la crise, au moment même où ils espèrent récolter le fruit de leur labeur, où ils attendent un retour sur investissement utile à la collectivité.

 

Un parcours semé d’embûches

 

Pour attirer les travailleurs étrangers, Berlin ne lésine pas sur les moyens. La Bundesagentur für Arbeit – l’Agence fédérale allemande pour l’emploi – publie des centaines de milliers d’offres sur son site Internet, accessible en plusieurs langues. Elle prospecte activement au-delà de ses frontières et organise même des bourses au travail délocalisées. Cela dans un souci manifeste d’efficience et de fluidité. Mais tout n’est pas rose pour autant. Ainsi, les postulants doivent parfois faire preuve d’abnégation. Car, en plus de la maîtrise de la langue, indispensable à tout emploi qualifié, ils se voient souvent contraints de se plier à de nouveaux usages professionnels, inconnus jusque-là, ou presque. Pis encore : ils peinent parfois à faire reconnaître leurs diplômes et doivent à l’occasion composer avec des barrières administratives fastidieuses, touchant surtout les moins qualifiés d’entre eux. Enfin, l’Allemagne regorge essentiellement d’emplois précaires, à temps partiel, peu en phase avec les compétences des jeunes immigrés européens. C’est dire si l’eldorado a ses limites…

 

 

Lire aussi :

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